Alors que certains chats qui habitent ensemble ont des bonnes relations, vont dormir ensemble, se faire la toilette mutuellement et passer beaucoup de temps à côté de l’autre, ce n’est pas le cas pour tous. Beaucoup de chats qui cohabitent vont uniquement se tolérer sans pour autant avoir des interactions sociales significatives.
Pour d’autres, la cohabitation sera une source de stress et même de conflits.
Si vous trouvez que la relation entre vos chats est problématique, ou qu’elle s’est détériorée avec le temps, je vous donne quelques explications et conseils pour que tout se passe au mieux.
Comment reconnaître un problème de cohabitation ?
Les problèmes de cohabitation entre chats peuvent se manifester par des agressions directes ou par des stratégies d’évitement. Les chats peuvent s’engager activement dans des conflits en montrant des signaux de menace comme des crachements, cris, feulements, grognements, poursuites et morsures. Ils peuvent aussi manifester une agression “passive” lorsqu’ils se cachent, bloquent le passage de l’autre, se regardent fixement, évitent les interactions ou refusent de partager les mêmes espaces. Certains chats peuvent même choisir de s'enfuir ou de passer plus de temps à l'extérieur afin d'éviter complètement de croiser leurs congénères.
La mésentente entre deux ou plusieurs chats peut générer des réponses de stress, insécurité, peur ou anxiété, avec des manifestations comme l’inhibition (le chat “victime” va passer son temps caché et sans bouger), la rétention d’urine, les éliminations hors litière, les léchages compulsifs menant parfois à des dépilations ou le marquage urinaire, entre autres.
Ce type de comportements, souvent problématiques et incompréhensibles pour les gardiens des chats, peuvent détériorer profondément les relations à l’intérieur du foyer et résulter malheureusement dans des abandons.
Pour cette raison, il est essentiel de reconnaître les signes d’une cohabitation difficile, notamment les signaux “passifs” qui sont plus subtils et qui peuvent passer inaperçus, ainsi que de trouver des solutions pour rendre la cohabitation plus supportable.
D’où peut venir le problème ?
Les conflits peuvent apparaître dès la première rencontre, souvent si les présentations sont faites de manière précipitée.
J’entends souvent des gens qui disent qu’il faut mettre les chats ensemble et les “laisser se réguler” ou se “débrouiller” entre eux. Vous l’aurez compris, ce n’est pas du tout une bonne idée ! Si la première rencontre n’est pas réussie, il est fort probable que la cohabitation se passe mal par la suite car les chats ont besoin de comprendre, avant toute rencontre directe, que l’autre n’est pas une menace.
Il est possible également que le problème vienne d’un événement spécifique (une dispute, un accident, une association négative suite à une situation de peur…), suite auquel les chats identifient l’autre comme quelque chose de négatif et à être évité.
Un seul événement négatif peut déclencher une agressivité qui peut être plus ou moins durable. Par exemple, si l’un des chats a eu peur pendant une visite chez le vétérinaire ou face à un bruit soudain, il peut rediriger son agression vers l’autre chat. Selon le caractère et la relation entre les chats, il est possible que les agressions se maintiennent et qu’elles augmentent en fréquence. La cohabitation ne sera donc plus possible.
Il faut aussi garder en tête qu’à la différence des chiens, les chats n’ont pas des signaux d’apaisement, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas des signaux de communication qui permettent d’arrêter un conflit et de se réconcilier. Cela rend effectivement plus difficile un retour à la normal après une dispute.
Finalement, il peut y avoir des changements progressifs dans la relation qui ont fini par créer une mésentente. C’est souvent le cas chez les chats qui s’entendaient bien en étant jeunes et qui ne se tolèrent plus une fois arrivés à maturité sociale (entre 18 mois et 4 ans), car leur caractère et leurs préférences sociales ont changé.
Que faire face à un problème de cohabitation ?
Selon l’origine du problème, il y a un ensemble de solutions à mettre en place :
1. Si la première rencontre s’est mal passée, recommencez les présentations de zéro
- Séparez les chats dans des pièces différentes de la maison
- Faites les présentations “olfactives” : d’abord en leur présentant des objets (panier, plaid) de l’autre et ensuite en les échangeant de pièce (sans les mettre face à face)
- Si tout se passe bien, vous pouvez les faire manger de la pâtée (ou quelque chose d’appétissante) chacun d’un côté d’un porte fermée. D’abord vous pouvez placer les gamelles loin de la porte et les rapprocher petit à petit en observant la réaction des chats
- Si cette étape se passe sans problème, vous pouvez commencer à ouvrir la porte peu à peu, jusqu’à ce qu’ils puissent manger face à face sans donner des signaux d’agression
- Une fois cette étape réussie, vous pouvez les faire jouer ensemble afin de renouer leurs liens sociaux
2. Donnez-leur de l’espace : fournissez suffisamment d’endroits à chaque chat pour qu'il puisse se reposer, manger, aller dans sa litière, se faire les griffes et jouer, sans avoir à croiser l’autre chat. Cela implique donc multiplier les ressources dans des zones séparées de la maison.
3. Ne punissez jamais les chats quand ils montrent des signaux d'agressivité ou de peur : interdit donc de crier, de faire des bruits forts, de les arroser avec un pschitt d'eau…les chats peuvent arrêter de se battre et s’enfuir, mais ce type de chose va juste augmenter les tensions et maintenir les associations négatives entre les chats. A la place redirigez leur attention sur autre chose à grande valeur comme de la pâtée, un jeu, des friandises, ouvrir la porte pour les laisser sortir, etc.
4. Essayez le contre-conditionnement en associant la présence de l’autre chat à quelque chose de positif (caresses, pâtée, friandises, jeux…).
5. Réduisez le stress ou l’anxiété en mettant en place des activités apaisantes comme des jeux, ou en utilisant des produits tels que les phéromones ou les suppléments naturels (herbe à chat, valériane, Zylkène). Selon la gravité du cas, il sera peut-être nécessaire de consulter un vétérinaire comportementaliste pour mettre en place une thérapie médicamenteuse.
6. Assurez vous qu’ils n’ont pas de problèmes de santé : parfois les chats peuvent manifester des comportements agressifs s’ils souffrent de douleur ou d’une maladie. Il est donc important de consulter votre vétérinaire régulièrement.
7. Gardez des attentes réalistes : certains chats pourront (ré)devenir copains, alors que certains ne seront pas compatibles et ne pourront pas s’entendre. Vous pouvez les aider à se tolérer et à cohabiter paisiblement, mais il est possible que pour des cas très graves d’agression vous deviez envisager de les séparer. En tout cas, le temps et la patience sont essentiels pour résoudre des problèmes de cohabitation. Ne forcez donc pas vos chats à se côtoyer et donnez leur autant d’espace que nécessaire.
Pour résumer :
Les problèmes de cohabitation entre chats peuvent venir d’une mauvaise première rencontre, ou ils peuvent se développer avec le temps chez des chats qui avaient une bon entente auparavant. Les conflits peuvent se manifester de manière “active” (feulements, cris, course-poursuite, morsures…) ou de manière “passive” (inhibition, peur, problèmes urinaires, léchages compulsifs, entre autres). Il est important d’identifier les causes et les manifestations afin de trouver les solutions les plus adaptées.
Le plus important sera de donner de l’espace aux chats pendant la période de réadaptation, de ne pas forcer les interactions et de garder des attentes réalistes. Suite à des agressions répétées et/ou graves, deux chats deviendront difficilement amis. Il faudrait donc s’armer de patience et leur donner autant de temps que nécessaire pour se sentir en sécurité en présence de l’autre.
J’espère que ces conseils vous aideront à résoudre ou à améliorer les problèmes de cohabitation entre vos chats. Selon les cas, il sera peut-être nécessaire de contacter un spécialiste. Vous pouvez prendre un RDV pour vous faire accompagner.